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Subtile idylle

L’art s’inspire du réel. L'artiste l’interprète et l’exprime de façon personnelle en extériorisant sa vie intérieure. Les peintures de Sybille Summerer présentent une réalité séduisante qui interpelle aussi notre imaginaire, notre monde onirique, voire chimérique.

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Les figures, demi-figures et portraits sont magistralement rendus, les tons sont harmonieux. Douceur et délicatesse
s’en dégagent. Les enfants que nous montre Sybille
Summerer sont adorables. Happé par le regard souvent
frontal des personnages, le spectateur se laisse transporter dans une dimension moins tangible, celle des émotions.
Un certain trouble apparaît. Qu’est-ce qui, dans le regard et dans l’attitude de cet enfant me lance un appel ? L’isolement de l’individu dans la société ? Quelle est cette résonance
qui me renvoie à mes propres questionnements, à ma
propre enfance ?

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Ce qui nous semblait agréable, harmonieux et sécurisant est devenu étrange. Le beau, l'intéressant ou le sympathique de prime abord, sont des étapes transitoires qui nous emmènent à la limite de points de rupture vers le déséquilibre et l’inquiétant. Sybille Summerer a bâti un univers très singulier, peuplé de personnages dont les corps difformes n’ont plus grand-chose d’humain. Le trouble atteint son paroxysme avec « Les Trixies ». Ils nous renvoient à nos zones d’ombre et à nos peurs enfouies. Leur côté sympathique n’en est que plus

surprenant. Notre bienveillance et notre humour sont

sollicités. Les effets de matière et la subtilité des tons pastels permettent une distanciation poétique qui transcende le réalisme donnant ainsi à l’image présence et intensité.

 

La qualité de l'exécution artistique peut impressionner par sa perfection à la manière des vieux maîtres, témoignant  d'une connaissance de la tradition et de l’artisanat. En cherchant dans l’histoire de l’Art les courants qui ont pu influencer Sybille Summerer, on peut penser à la peinture de la Renaissance avec sa façon de s'approprier la réalité. Les portraits véristes d'Otto Dix, la critique sociale de Georg Grosz, les peintres est-allemands tels que Tübke, Stelzmann, Triegel, ou la « nouvelle école de Leipzig » avec Neo Rauch viennent également à l'esprit. Ces derniers incarnent la « nouvelle figuration », qui s’oppose à l’abstraction hégémonique des années 50/60 et à l’art conceptuel, avec ses installations et l'utilisation de nouveaux médias.

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Sybille Summerer archive les personnages rencontrés. Tout ce qui fait la pâte humaine – nos petites joies innocentes, nos espérances naïves, nos fêlures insondables – se retrouvent, en plis cachés, dans ses peintures.

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Et nous, spectateurs intéressés, nous ne saurions rester indifférents à cet art du dévoilement.

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